« Quoi ? tu te bas contre la pub ? Tu tennuies ? Mais
il y a mille autres sujets tellement plus importants ! La pub, cest marrant.
Moi, jaime bien ! » Résister à
la pub, ce nest pas forcément facile. La plupart de nos amis nont
pas conscience que, loin dêtre ce truc rigolo et distrayant que
nous vantent les publicitaires, elle est un enjeu de société majeur.
La pub, cest une pollution dautant plus dangereuse quelle
est souvent invisible. Elle sattaque à notre cerveau. Elle nous
conditionne. Elle formate et normalise notre inconscient collectif. La pub,
cest la machine à casser.
La pub, machine à casser lemploi
Selon les publicitaires, être contre la pub, ce serait être contre
léconomie. Il faut tordre le cou à cette idée fausse.
La pub est au service de léconomie des entreprises géantes,
les multinationales, aux dépend dune économie à échelle
humaine, plus respectueuse de lenvironnement. MacDo fait de la pub, contrairement
aux restaurateurs indépendants de notre quartier. Auchan, Leclerc, Carrefour,
toute la grande distribution fait de la pub. Les maraîchers de notre marché,
eux, nen font pas. La pub est au service dune économie très
productive et donc pauvre en emploi (il faut, par exemple, peu de personnel
pour distribuer beaucoup de produits et daliments dans les grandes surfaces)
et elle fait la guerre à une économie moins productive et plus
riche en emplois. La pub est donc bien une machine à casser lemploi.
La pub est au service de la « maléconomie » comme de la «
malbouffe ».
La pub, machine à casser la démocratie
Dans les années 70, on affirmait : « La pub, cest le fascisme
! ». En effet, la pub « communique » de manière unilatérale
: on ne peut pas lui répondre. Le citoyen na pas les moyens de
contredire les multinationales qui dépensent des milliards deuros
pour nous imposer la fausse idée du bonheur par la consommation.
La pub est totalitaire car elle cherche à envahir la totalité
de lespace et la totalité du temps : les panneaux publicitaires
envahissent notre environnement. Il devient difficile de poser son regard sur
un paysage libre de pub. La pub envahit tout le temps : elle matraque ses messages
sur les radios. Elle simmisce dans les films à la télévision
en les coupant. Elle pénètre dans les films au cinéma car
les entreprises payent les cinéastes pour y montrer leurs produits. La publicité de supporte pas la contestation. Les publicitaires ont inventé le terme « publiphobe » pour qualifier ceux et celles qui lui résistent. La publicité décrit ses dissidents comme des « pisse-froid », des « coincés », des malades mentaux. La publicité « phychiatrise » ses opposants, comme les régimes totalitaires. Vous trouvez que nous exagérons ? Regardez par exemple cette campagne faites par les publicitaires:
Pour mieux nous aliéner et nous rendre esclaves de la consommation, la
pub ne cesse de nous parler de liberté. Mais la seule liberté
que nous laisse la pub, cest celle de consommer, cest celle de choisir
entre Coca et PepsiCola. La pub, cest Le Meilleur des mondes
dAldous Huxley combiné à 1984 de George Orwell.
La pub, machine à casser le politique
Devant le succès de la pub, les politiques sont très tentés
dutiliser ses armes. Pourtant, en faisant cela, ils se rabaissent au rang
de simple produit. La pub, elle, ne cesse dutiliser les valeurs du politique
pour faire consommer ; résultat : elle marchandise ces valeurs. Avec
la pub, le politique est toujours perdant.
Des publicitaires, comme Jacques Séguéla, n'ont pas hésité à se mettre au service de dictateurs, comme le tyran togolais Eyadéma. Pendant la première partie du XXe siècle, la propagande était au service des régimes staliniens et nazis.
La pub, machine à casser la liberté de la presse
Aujourdhui, la presse, la radio, la télévision vivent de
la pub que payent les multinationales pour y montrer leurs produits. Résultat
: les médias ne critiquent que très exceptionnellement la pub
ou la logique des multinationales. Les journalistes ou les intellectuels qui
peuvent sexprimer largement sont ceux qui collaborent à cette logique.
Ceux qui la refusent nont plus la parole que dans des médias confidentiels.
Pourquoi ne lit-on jamais darticle comme celui-ci dans les journaux les
plus connus ? Ainsi, la pub transforme la presse en catalogue publicitaire qui
noie la presse libre et indépendante du pouvoir de largent. La
pub, elle est la tueuse de la liberté de la presse.
La pub, machine à casser les cultures
La pub, ce nest pas une culture, cest une anticulture. La culture
élève lhumain. La pub le fait régresser au rang de
tube digestif dont lunique fonction est de consommer. La diversité
des cultures du monde dérange la pub dans son désir de gagner
toujours plus dargent le plus vite possible. La pub veut donc détruire
les cultures en imposant des produits et des modes de vie standardisés
sur toute la surface de la Terre. La pub, cest « Tous MacDo, tous
Nike ». La pub ne supporte pas les peuples qui veulent faire de la diversité
de leur culture une richesse. La pub veut créer un monde uniforme, incolore,
inodore, de Sao Paulo à Pékin en passant par là où
nous habitons.
La pub, machine à casser la nature
Aujourdhui, 20 % des humains, les pays riches, consomment 80 % des ressources
naturelles de la Terre. Cest comme si nous étions 10 autour dun
gâteau, que nous faisions 10 parts égales et que 2 personnes mangeaient
alors 8 parts. Et, en plus, ces deux goinfres veulent encore plus consommer
et réclament aux autres une neuvième part ! Les ressources de
notre planète ne sont pas extensibles. Pour sauver notre Terre fragile
et partager les ressources de façon plus juste avec tous les autres habitants
du globe, nous devons, nous les pays riches, réduire notre consommation.
Cest exactement le contraire de ce que nous dit la pub : elle pousse les
riches au gaspillage.
La pub, cest aussi une multitude de grands panneaux, très souvent
illégaux, qui défigurent nos paysages. Ce sont des forêts
que lon abat pour faire des tonnes de tracts inutiles qui encombrent nos
boîtes aux lettres.
La pub, machine à casser la société
La pub impose partout ses antivaleurs : « Achète cette voiture,
et les autres taimeront, tadmireront. » « Achète
ce parfum, et les garçons ou les filles seront fous ou folles de toi.
» « Achète, achète, achète, et tu existeras.
» La pub nous dit de consommer tout, tout de suite, de céder
à toutes nos pulsions. Pas étonnant avec de tels messages que
ça pète dans les banlieues ! Plus nous sommes fragiles socialement,
plus nous subissons de plein fouet les conséquences sociales des mensonges
de la pub. Pas étonnant non plus que cela soit difficile de vivre ensemble,
dans le couple, en famille, à lécole, au travail, dans notre
ville, notre pays quand les seules valeurs qui unissent les gens sont
largent et la consommation. Cest sûr, une société
ne va pas très loin avec les valeurs de la pub !
La pub, machine à casser lindividu
La pub ne veut plus dhumains, de citoyens, elle veut des consommateurs.
Elle réduit chacun de nous à un moyen : la consommation. La pub
nous impose la fausse idée que lunique sens de la vie est la consommation.
Elle a inversé les valeurs : nous vivons pour consommer, nous ne consommons
plus pour vivre. La pub tire lhumain vers ce quil y a de pire en
lui : son fantasme de toute-puissance, sa volonté de domination, son
goût du pouvoir, sa volonté de posséder sans cesse plus
La pub est une machine à faire régresser lhumain. Elle veut
nous réduire à notre seule apparence. La technique de la pub,
cest dabord de nous rendre malheureux pour ensuite nous proposer
dacheter pour nous consoler. Ensuite, la pub nous dit, très clairement
mais le plus souvent de manière plus sournoise, que ceux qui ne sont
pas daccord avec sa logique sont des idiots, des personnes tristes qui
naiment pas la vie, des ringards, des tarés, des inadaptés
Pour ne pas avoir lair dêtre coincés, nous avons ensuite
peur de dire du mal de la pub. Cest comme ça que la pub tue notre
esprit de révolte.
La pub somme chacun dentre nous de se soumettre. Elle nous refuse le droit
daller à nous-même, de chercher le vrai sens de nos existences,
daffirmer que nous sommes des humains avant dêtre des consommateurs.
Confrontés à cette idéologie antihumaine, mortifère,
nous fuyons en nous abrutissant face à la télévision, en
consommant des drogues, légales ou interdites. Dautres, nombreux,
se suicident. Dautres encore choisissent de résister, car ils pensent
que cest ça, la vie.
Un grain de sable dans la machine à Casser
« Oui, cest vrai, tout ça, mais la pub, on ne peut pas
sen passer. Tu as raison : je peux me passer de manger, de me laver,
davoir des amis, je peux me passer dun toit, que sais-je encore,
mais de pub, ça, non ! » La pub, cest un truc qui non
seulement ne sert à rien et casse tout, mais en plus a su simposer
comme quelque chose dindispensable. Bien sûr que lon peut
vivre sans pub ! Si nous voulons vivre bien et longtemps sur notre planète,
en bonne intelligence avec les autres, nous avons même intérêt
à la faire disparaître très vite. Mais comment résister
face à ce qui nous semble être un océan ? La pub nous dit
que nous ne pouvons rien. Cest faux. Chacun de nous a un pouvoir immense.
à travers nos choix de vie, nous pouvons tous changer le monde. Mais
on ne peut changer le monde quen cherchant en même temps à
se changer soi.
Tous intoxiqués
La première étape pour se libérer de la pub est de comprendre
que nous sommes tous conditionnés. Ceux qui le nient sont généralement
les premières victimes. Il faut avoir la force de se reconnaître
faible. Pour nous qui sommes si orgueilleux, cest dur ! Nous connaissons
tous des milliers de logos, de slogans publicitaires. Ils sont entrés
bien au fond de notre inconscient à force de matraquage. « Seb,
cest » « Du pain, du vin, du » Par contre,
combien dentre nous sont encore capables de nommer dix espèces
darbres ? Et ce nest pas seulement de slogans que nous sommes imprégnés,
mais de toute lidéologie publicitaire : lamour fanatique
du nouveau, nécessaire pour nous faire jeter des choses encore utiles
et en acheter de nouvelles, la croyance dans la toute-puissance de la science
Si nous ne prenons pas conscience de cela, nous chercherons à résoudre
les problèmes avec les maux qui les ont engendrés. Notre monde
accepte bien avec le sourire certaines critiques à condition quelles
ne fassent que le conforter. Ne tombons pas dans le piège ! La pub et
les médias nous ont inculqué une véritable croyance : celle
du fantasme de la toute-puissance de la science. Aussi, à chaque problème
que nous rencontrons, nous avons naturellement tendance à apporter une
réponse technique. Et, en apportant des réponses techniques à
des problèmes philosophique ou politiques, nous aggravons la situation,
car notre réponse est alors inadaptée. Les bonnes réponses
sont donc avant tout philosophiques et politiques, comme le partage et la sobriété.
La réponse collective : associations, réglementation
Les pouvoirs publics font des lois pour tenter de protéger la société
de la publicité. Ces lois ne sont pas très sévères
mais les publicitaires sont déjà incapables de les respecter :
40 % des grands panneaux que nous voyons partout sont illégaux. Les afficheurs
sont des délinquants de lenvironnement. Aussi, des associations
ou de simples citoyens se battent pour que les lois soient appliquées.
Létat ne fait pas son travail. Il y a aussi des lois pour protéger
les enfants de la pub à la télé, pour interdire la pub
à lécole, mais les associations de publicitaires font pression
pour les faire supprimer. Les publicitaires parlent de « liberté
dexpression commerciale » en lassimilant à la liberté
dexpression ! Ce sont des voyous. Nous devons à notre tour faire
pression sur les hommes et les femmes politiques pour conserver ces lois, les
renforcer, en créer dautres, mais, surtout, les appliquer.
La réponse individuelle : simplicité volontaire
Mais le plus important, cest de faire évoluer sa vie, de refuser
les mauvaises idées de la pub : largent, la consommation, la technique
ne sont pas nos dieux, mais des moyens ! Nous pouvons vivre mieux, en existant
dabord par nous-mêmes, avec moins dobjets. à la benne,
les télés, les bagnoles, les téléphones portables
! Mais, pour avoir le courage de faire ça, il faut dabord se libérer
lesprit et développer une vraie personnalité. Il faut savoir
exister sans les objets. La simplicité volontaire, cest la forme
actuelle la plus efficace de résistance non-violente. Nous pourrons alors
exister grâce à notre personnalité, en créant, en
nous engageant en politique, en cultivant notre vie intérieure, nos amis,
notre famille et bien sûr notre potager. Cest comme ça
que nous, les grains de sable, nous enrayerons la machine à casser.