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Contre-Grenelle de l'environnement

Intervention de Bernard Guibert au Contre-Grenelle de l’environnement le 6 octobre 2007 à Lyon
Ce texte est intégré au livre Pour repoliser l'écologie paru aux éditions Parangon

L'affreux pastis de la rue de Grenelle

Mon métier est d'être économiste statisticien. J'ai travaillé plusieurs années dans le domaine de l'environnement. Mais je ne suis pas ici dans le cadre de mon métier. Je suis ici en tant que militant. Notamment d'associations de défenses de l'environnement.
Les habits ne font pas le moine. Comme vous vous pouvez le voir mes habits sont verts. Donc je suis Vert.
Comme Francine Bavay je suis membre d'AlterEkolo.
Je suis également un "objecteur de croissance.

Les crimes de "l'affreux pastis de la rue du Grenelle"

La première fois où j'ai entendu parler du "Grenelle de l'environnement" j'ai pensé à un polar que j'ai beaucoup aimé : "L’Affreux pastis de la rue des Merles". Ce polar est un des chefs-d'œuvre de la littérature italienne du XXe siècle. Il a été écrit il y a 50 ans, en 1957, par Carlo Emilio Gadda. Son action se passe dans l'Italie fasciste de Mussolini en 1927.

Quand donc j'ai entendu "Grenelle de l'environnement" j'ai sorti mon revolver et je me suis exclamé :
"L'affreux pastis de la rue de Grenelle !".

Il y a d'abord le contexte social et politique du Grenelle de l'environnement de 2007. Avec angoisse je ne peux m'empêcher de faire le parallèle avec celui de l'Italie de 1927 dont Carlo Emilio Gadda se sert pour dénoncer la corruption et la décadence de la démocratie chrétienne de son Italie de 1957.
Toute ressemblance avec un pays contemporain familier et un président de la république récemment élu relèveraient du pur hasard.

En 1927 un beau séducteur, Benito Mussolini, au menton volontaire, promoteur d'une droite décomplexée, fasciste même, accède au pouvoir. Notre latin lover italien fait relayer son charisme et son volontarisme par les médias de l'époque. Ce ne sont pas les sondages et la télé de 2007. Ce sont des médias plus grossiers, ceux de 1927, ceux de la radio et du cinéma en noir et blanc et même muet. Et au lieu du spectacle d'un jogging solitaire le peuple a droit à celui des parades militaires au pas de l'oie et les mâles saluts fascistes.

Comme dans "L’Affreux pastis de la rue des Merles" de 1927, "L'Affreux pastis de la rue du Grenelle" de 2007 commence par une série de crimes mystérieux.

Et comme l'inspecteur Ingravallo du roman, pour essayer d'élucider le serial killer de "l'affreux pastis de la rue de Grenelle", je me suis souvenu du fameux adage de tout apprenti Sherlock Holmes qui se respecte :
"Chercher à qui le crime profite".

Cherchons donc ensemble "à qui profite la fraude pastis de la rue de Grenelle".

Mon enquête policière commence par faire du "chiffre" : je découvre tous les jours de "nouveaux cadavres dans les placards".

La première victime est un symbole : "Grenelle"

Dans la mémoire sociale, plus précisément la mémoire ouvrière, Grenelle cela symbolise quoi ?
C'est au moins un symbole historiquement aussi fort que fut le traité de Versailles qui conclut la victoire des avis et à la fin de la Grande guerre de 14-18.

Mais en 1968, 50 ans après le traité de Versailles, il ne s'agit pas de la Grande Guerre, mais de la plus grande bataille sociale du XXe siècle après le Front populaire de 1936. Et il s'agit d'une victoire de la classe ouvrière, suite à sa plus longue grève de l'après-guerre, dont le détonateur a été l'épidémie d'insurrections étudiantes qui s'est propagée à la surface du globe depuis le Japon, l'été 1967, jusqu'à la France en 1968, en passant par la Californie, le Mexique, l'Allemagne, l'Italie, la Tchécoslovaquie etc..

Le "Grenelle de l'environnement" abat se symbole, comme les Américains ont abattu la statue de Saddam Hussein et les Russes celle de Staline. Le Grenelle de l'environnement en effet n'est pas un traité social solennel par lequel les lobbys du nucléaire, les semenciers producteurs d’OGM, les agriculteurs productiviste, les constructeurs automobiles, les entreprises de BTP qui construisent des autoroutes, bref toutes les forces sociales qui portent préjudice à l'environnement, reconnaissaient enfin leur défaite après une longue lutte menée par les associations environnementalistes. D'abord le gouvernement met hors champ des discussions les questions importantes, celles qui fâchent : le nucléaire, les OGM, et les autoroutes, les incinérateurs etc..C'est comme si, en 1968, le gouvernement avait voulu mettre hors champ des négociations les augmentations de salaires ou la durée du travail ! Vous me direz qu'avec la mise à mort d'un symbole, avec un "crime en effigie", "il n'y a pas mort d'homme". Ce n'est pas grave".

Détrompez-vous ! Dans la guerre sociale, comme dans la guerre tout court, comme disait Clausewitz, l'essentiel est le "moral des troupes". Si donc Nicolas Sarkozy réussit à tuer le symbole de Grenelle comme il a assassiné la mémoire de Guy Moquet, le "moral du peuple" risque d'être brisé pour les futures batailles sur le pouvoir d'achat, les retraites etc.

Première victime donc : la mémoire du peuple.

La seconde victime de ce serial killer que j'appelle "l'affreux pastis de la rue de Grenelle" c'est le social, la question sociale

En effet la question environnementale est instrumentalisée par le gouvernement pour promouvoir une pédagogie antisociale.

Dans les années 80 le gouvernement, socialiste à l'époque, opposait l'emploi à l'environnement : "Vous voulez plus emploi. Il faut donc plus de croissance. Il faut donc vous résigner à plus de pollution. L'emploi et la pollution ou le chômage et l'air pur : vous avez le choix."

Aujourd'hui, en 2007, il y a eu entre-temps une prise de conscience écologique. Mais avec le bouclier fiscal le gouvernement s'interdit de faire payer la facture environnementale aux riches. Suivez mon regard. Mécaniquement il faut donc faire payer les pauvres. "Salaud de pauvres ! Serrez-vous donc la ceinture si vous voulez sauver la planète, votre planète et vous avec".

Ainsi la question environnementale sert de "bélier idéologique" contre le social. Et les O.N.G. environnementales sont instrumentalisées comme des "boucliers humains" pour couvrir une terrible machine de propagande antisociale.
Deuxième victime donc : le social.

Troisième victime : la démocratie

Instrumentalisé contre le social, l'environnement est lui-même victime de la "l'affreux pastis de la rue de Grenelle". Comme les problèmes environnementaux sont tellement complexes et qu'ils impliquent un tel bouleversement de la vie quotidienne, ils nécessitent l'implication personnelle et active de chaque individu pour être résolus. Ils ne peuvent donc pas être résolus autrement que de manière intensément démocratique. C'est pourquoi la démocratie environnementale est devenue un prototype, une vitrine, un avant-goût de la démocratie participative.

La crise du climat a en effet imposé aux Etats-Nations d'incorporer "l'atmosphère", -- du non-humain --, -- de la nature --, dans le monde politique, donc de "l'humain" par excellence. Mais comme il n'existe pas de gouvernement mondial, il faut bricoler avec des ersatz de démocratie mondiale. Le "Grenelle de l'environnement" est aux antipodes de la démocratie participative qui serait nécessaire. Cela se passe exclusivement en haut sous les ors des palais de la République de la rue de Grenelle. Il y a un poids fort de technocrates dans la formulation des avis. Il s'agit donc essentiellement d'une opération de communication, bref de propagande, et non d'un débat réellement démocratique c'est-à-dire impliquant massivement le peuple.

La présomption d'innocence ne joue pas lorsqu'il y a préméditation d'un crime contre l'humanité

Pour le moment, le Grenelle de l'environnement n'a pas encore eu lieu. Mais nous avons déjà une série impressionnante de cadavres. Nous ne pouvons donc faire à ce stade, nonobstant la présomption d'innocence, que des procès d'intention au gouvernement de M. Sarkozy.
Eh bien oui ! Il faut assumer le procès d'intention.

Le rideau de fumée des intentions contradictoires

En effet au mieux les intentions de M. Sarkozy sont contradictoires. D'une part il installe le groupe présidé par Jacques Attali pour lever les obstacles de la croissance. Et d'autre part il installe le Grenelle de l'environnement. Au mieux (bénéfice du doute) les intentions sont contradictoires et s'annulent. Nicolas Sarkozy s'apprête à appuyer à la fois sur l'accélérateur avec la commission de Jacques Attali et sur le frein, peut-être, mollement, avec le Grenelle de l'environnement de M. Borloo et de Mme Kosciuzco-Morizet.

Comme les intérêts économiques poussent à la croissance, à la "réforme" néolibérale du marché du travail, à la croissance etc. il y aura très vraisemblablement croissance. Afficher des intentions contradictoires relève alors d'une politique de communication et d'une politique de communication seulement, celle du rideau de fumée.

"En fait je vais appuyer sur l'accélérateur de la croissance, et je te fais croire, connard, que je vais peut-être appuyer sur le frein. Je t'aurais bien eu, salaud de pauvre !".

Il faut déclarer, notre « Terre-patrie, l'humanité, en danger »

Notre devoir moral et politique est donc d'empêcher le criminel de passer à l'acte.

Et comme la voiture s'emballe et que nous voyons des enfants sur la route, -- les générations futures --, si nous "regardons ailleurs" comme disait Jacques Chirac à Johannesbourg, nous devenons complice d'un crime. Et comme l'intention de Sarkozy est d'appuyer sur l'accélérateur il s'agit d'un crime avec préméditation.

Et quelles sont les futures victimes de ce crime annoncé après celle combien d'énumérer dans ce serial killer de "l'affreux pastis de la rue de Grenelle" ? Eh bien rien de moins que l'humanité tout entière !
Allons-nous donc nous faire complices d'un "crime contre l'humanité avec préméditation" en laissant en liberté le serial killer dans "l'affreux pastis de la rue de Grenelle ?" Et ajouter les générations futures aux trois premières victimes ?

Non !

Comment prévenir "l'affreux pastis de la rue de Grenelle" ? En nous solidarisant avec la dernière victime : la "démocratie participative"

-C'est en aidant l'inspecteur M. Ingravallo du roman de Gadda, "l'affreux pastis de la rue des Merles", à élucider les mobiles de "ceux à qui profitent les crimes de l'affreux pastis de la rue de Grenelle".
À ce stade de l'enquête nous n'avons que des présomptions. Mais de plus en plus inquiétantes. Vous trouverez mon rapport à l'inspecteur Ingravallo dans l'ouvrage collectif "Repolitiser la politique". Mettons ces présomptions sur la place publique. Que le peuple s'en empare pour les étaler à la pleine lumière du jour. L'effet Dracula a anéanti à Seattle les vampires de l'Organisation mondiale du commerce (OMC). L'effet Dracula pourra peut-être à nouveau marcher rue de Grenelle.

Ainsi avec la lumière du jour se dissiperont les vampires de notre mère à tous, notre planète, notre Terre-patrie, la Terre, notre seule planète.

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