Débat avec Paul Ariès : Rentrée : Faut-il boycotter les marques ? sur Radio France International
Appel du mouvement pour une rentrée sans marques
Le mouvement pour une Rentrée sans
marques appelle pour la huitième année consécutive
les parents, les enseignants et les jeunes à refuser le racket
commercial dont les élèves, leurs familles et les profs
sont de plus en plus victimes.
Les exemples de la main-mise des entreprises
sur l’école sont malheureusement toujours aussi nombreux
: tapis de souris publicitaires à l’occasion de la campagne
« Sur la toile, méfie-toi des pièges », «
Tour de France des collèges » par la société
Calysto pour expliquer le bon usage d’Internet, incitations à
contracter des emprunts auprès des banques pour acheter du matériel
informatique lors de la campagne « portable étudiant à
un euro par jour », développement des offres pédagogiques
par Disneyland et son département éducation, prise en charge
de collégiens de ZEP par des entreprises comme Pinault-Printemps-LaRedoute,
soutien de SFR-Cégétel à des élèves
notamment des filles d’origine immigrée issues de zones sensibles
pour leur permettre d’intégrer les écoles d’ingénieurs
en télécommunications, etc. La pénétration
de la pub dans l’école permet de changer le contenu de l’enseignement
et rend possible le transfert des responsabilités de l’Etat,
puissance publique, vers les grandes sociétés capitalistes
privées.
La résistance s’organise
et notre mouvement s’internationalise : le rapport
de force progresse. Notre pétition
a reçu près d’un millier de signatures et a été
relayée par l’association ATTAC et son « Manifeste
pour l’annulation du code de bonne conduite des interventions des
entreprises en milieu scolaire ». Nous sommes toujours plus nombreux
à refuser que les enfants servent de supports à des opérations
publicitaires et que l’école ouvre un pont d’or aux
entreprises. Notre mouvement exige toujours l’abrogation de la circulaire
Lang qui permet de faire entrer par la fenêtre la publicité
qui demeure officiellement interdite par la porte. Cette circulaire du
gouvernement Jospin a été conservée pieusement par les gouvernements
Raffarin et de Villepin, preuve que, sur ce terrain, nos amis productivistes
de gauche comme de droite veulent de concert enrôler nos enfants
dans la société de consommation.
Le mouvement pour une Rentrée
sans marques appelle les jeunes à se démarquer en refusant
de marcher au pas des firmes multinationales. Il faut refuser tout autant
la surconsommation que la dictature des logos. Nous devons habituer nos
enfants à la simplicité volontaire et à une vie sobre,
ce qui passe pédagogiquement par le boycottage de produits de marques.
Nous appelons aussi à soutenir toutes les initiatives pour bouter
le marché hors de l’école. L’heure est venue
de poursuivre collectivement la réflexion sur quelle école
nous avons besoin pour décoloniser l’imaginaire de nos enfants
et avancer vers une société de décroissance équitable.
Paul Ariès,
auteur du Petit Manuel anti-pub, éditions Golias, 2004
Lettre-pétition à adresser à son député
Pour trouver votre député : www.assemblee-nationale.fr
ou 01 40 63 60 00
Télécharger
la lettre
Pour l’abrogation du « Code de bonne
conduite des entreprises en milieu scolaire »
Pour une initiative parlementaire protégeant les enfants des agressions
publicitaire
Madame la Députée, Monsieur
le Député,
L’Assemblée nationale avait
dès 1936 proclamé l’interdiction absolue de toute
publicité à l’école. Ce principe protecteur
de l’enfance a été sans cesse réaffirmé
témoignant ainsi de l’existence d’un véritable
consensus national sur cette question. Le ministère de l’Education
nationale a publié, au BOEN n° 14 du 5 avril 2001, la circulaire
n°2001-053 intitulée «Code de bonne conduite des interventions
des entreprises en milieu scolaire». Ce texte qui introduit la notion
contestable de «neutralité commerciale» a permis de
multiplier les interventions des marques dans les écoles : kits
pédagogiques, jeux-concours, sponsoring, etc. Beaucoup de députés
de droite comme de gauche ont interrogé les ministres successifs
sur le risque de violation du principe de «neutralité scolaire»
que crée le flou de cette circulaire administrative. Le Conseil
d’Etat a cependant conclu à sa légalité (2
novembre 2002).
Seul le dépôt d’un
nouveau texte de loi permettrait de créer un vaste débat
national sur la meilleure façon de protéger les enfants
des agressions publicitaires notamment à l’école.
Veut-on que les élèves français soient obligés
demain comme aux Etats-Unis de regarder tous les matins un programme de
publicité dans les classes ? Acceptera-t-on que l’on fixe
des objectifs de vente de boissons ou autres produits sous prétexte
de réalisme économique et de partenariat avec des entreprises
?
L’école doit rester un lieu
d’apprentissage à l’autonomie et à la citoyenneté
ce qui suppose que l’on protège les enfants des appétits
des firmes mais aussi de leurs propres pulsions consommatrices qui les
conduisent à s’enfermer dans des «identités
de marques» et à surconsommer des produits dangereux.
L’école n’a pas à
se faire le vecteur d’une monoculture de la consommation en tolérant
en son sein la présence de marques et de publicités. Ces
dernières véhiculent des «valeurs» et des comportements
qui ne sont pas ceux de l’école puisqu’ils sont fondés
sur une logique de l’«avoir» et du «paraître»
contraire à la primauté de l’«être»
qui régit encore l’école. Nous sommes convaincus que
la façon dont la société répondra à
la menace que représente l’introduction des marques et de
la publicité à l’école déterminera sa
capacité à défendre une conception républicaine
de l’enseignement.
Dans l’espoir que la représentation
nationale légifère au plus vite pour assurer la protection
des élèves face à toutes les formes d’agressions
publicitaires en milieu scolaire et péri-scolaire, nous sollicitons
votre appui pour notre demande d’abrogation de la circulaire du
5 avril 2001 et de retour à l’application de la note de service
n° 99-118 du 9 août 1999.
|