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Les économistes

Pas de sang
pour l'essence

Casseurs de Pub

Samedi 23 novembre 2002 : journée sans achat

Les pays riches polluent la planète,
les pays riches pillent le monde,
et, à force d'être oppressée,
la Terre va finir par se révolter.

Alors, le samedi 23 novembre, à l'occasion de la journée sans achats, faites un geste pour l'humanité tout entière, arrêtez d'acheter !

La société de consommation est aveugle, Il n'est pas de croissance infinie possible sur une planète où les ressources sont limitées. Nous risquons d'avoir épuisé la majeure partie des ressources de la Terre avant 2050. Les pollutions déséquilibrent le climat et la biodiversité s'effondre.

La société de consommation engendre un pillage : 20 % de la population de la planète, les pays riches, consomment 80 % des ressources planétaires. Notre niveau de consommation à un coût : l'esclavage économique de populations entières.

La société de consommation est mortifère : elle réduit l'humain à une seule dimension : consommateur. Elle nie nos dimensions politique, culturelle, philosophique, poétique ou spirituelle qui sont l'essence même de notre humanité.

L'espoir est de réanimer notre conscience, et de traduire nos idées au quotidien dans nos actions.

Alors, faisons un geste. Pour un jour, le 23 novembre... Arrêtons d'acheter. Annoncez-le autour de vous. Dites-le à vos amis. Impliquez votre famille. Simplifiez votre vie.

Copiez l'affiche de la Journée sans achat. Placardez-la à votre travail, chez vos voisins, partout autour de vous.

Fêtons la Journée sans achat.


Téléchargements :

Film de la Journée sans achat 2002

Affiche 2002

Affiche 2002

Bon de non-achat

Bon de non-achat
 


LA SOCIETE DES MANGEURS

par François Brune*

Il y a des siècles que nos concitoyens mangent deux ou trois fois par jour pour se nourrir. C’est là une nécessité. On aurait pu les appeler « les mangeurs », mais on ne l’a pas fait, car telle n’était pas le but de l’existence sociale dans la civilisation qui nous précède. On disait sagement : « Il faut manger pour vivre, et non vivre pour manger » (Molière). Or, voici que depuis plusieurs décennies, on a pris l’habitude de nous nommer « consommateurs ». C’est assez étrange. Pourquoi pas « mangeurs » ? Vous imaginez les titres des journaux ? « D’après le dernier sondage, le moral des mangeurs n’est pas fameux en ce moment ». « La reprise dépend essentiellement du comportement des mangeurs ». « 60 Millions de mangeurs ». « La baisse des charges, en diminuant le prix de revient des marchandises, ne peut que profiter au mangeur ». « Les associations de mangeurs doivent réagir contre la publicité mensongère ». Que dirait Molière ? Et les Africains du Sahel ? 

C’est que nous sommes, dit-on couramment, dans une société de consommation. Mais attention à cette expression dont on ne perçoit plus l’implication : il ne s’agit pas d’une expression simplement descriptive ( société où l’on consomme). Il s’agit d’une définition prescriptive. Elle nous inscrit dans un ordre socio-économique dont la loi est d’absorber une production sans cesse croissante, et dont la finalité n’est donc pas seulement de consommer mais, il faut le dire clairement, de surconsommer. Ainsi, chaque fois qu’on appelle un citoyen « consommateur », fût-ce dans les études les plus « objectives », on ne se contente pas de photographier sa réalité sous l’angle de la consommation : on lui rappelle que c’est là sa destination, son essence d’acteur social, sa vocation (1). Bref, sous couvert d’une simple dénomination, on l’enferme déjà dans une idéologie. On le conditionne à ne se voir et à ne se vivre lui-même que comme consommateur de la vie, sous toutes ses formes, des plus concrètes aux plus symboliques. Car, nous dit Huxley, « tel est le but de tout conditionnement : faire aimer aux gens la destination sociale à laquelle ils ne peuvent échapper ».

De cette idéologie de la consommation, si nécessaire au système, qui nous imprègne et nous « éduque », la publicité est le principal vecteur. Avec les formidables moyens médiatiques que l’on sait, elle agit en effet sur nous à plusieurs niveaux, des plus visibles aux plus subtils, non pas seulement pour nous inciter à des « consommations » qui nous seraient extérieures, mais pour nous constituer comme consommateurs dans les multiples aspects de notre désir d’exister.

Cela commence au niveau de la conduite d’achat. Notre société est une vitrine permanente. L’enfant dès le plus jeune âge est flatté d’une multitude d’appels à acheter, à dévorer, à posséder, à consommer. Mais l’enfant en nous-mêmes, lorsque nous sommes devenus « grands », ne l’est pas moins. On jalonne notre vie de besoins de produits et de biens. Toute la temporalité sociale, avec ses foires, ses saisons, ses fêtes, sans parler des rituels de consommation « culturelle, est fondée sur ce jalonnement. Cette campagne permanente nous répète partout qu’exister, c’est saliver, et fait naître chez le citoyen moyen une nouvelle instance psychique : la pulsion d’achat.

Cela se poursuit par la création de nouveaux comportements de consommation. Si les appels à des achats concurrents semblent se neutraliser, la convergence de ceux-ci fait naître de nouveaux désirs que le « consommateur » est conduit à ressentir comme des besoins. Par exemple, le besoin de mobilité naturel à l’être humain devient besoin de se déplacer en voiture, le besoin d’information nécessaire à toute vie communautaire devient besoin de « télévision », puis de télévision en couleur, etc. Naissent alors des « styles de vie » axés sur des produits qu’il faut posséder, et qu’il faut posséder tout de suite, si l’on ne veut pas se sentir un membre « anormal », ou « marginal », de la société à laquelle on appartient, si l’on veut n’être pas l’objet de la moquerie de ses voisins ou camarades d’école (« Quoi, t’as même pas de portable ? »).

Plus profondément, toutes publicités confondues, c’est un modèle de bonheur par et pour la consommation qui est proposé à nos contemporains. Mais étant proposé comme seul possible, on peut dire qu’il est imposé comme seul valable. Selon ce nouvel hédonisme : 1/ le plaisir de consommer est l’impératif catégorique de toute vie ; 2/ aucun plaisir ne peut être vécu autrement que sous la forme d’une consommation. Ainsi, le rêve ne se rêve pas, il se consomme (c’est-à-dire qu’on s’imagine le « réaliser » à travers des consommations). Les « valeurs » ne se pratiquent pas (par l’effort, par l’exigence morale), elles se « consomment » (dans le spectacle lié aux produits auxquels on les a rattachées) : l’intelligence, la santé, la beauté, l’amour, la convivialité, l’engagement politique (voire révolutionnaire), tout se trouve dans les marques dont on se couvre, dans les marchandises que l’on ingère. Et donc, inutile de les rechercher ailleurs !. Toute la vie (« La vie. La vraie »), toutes les dimensions de la vie sont réduites à l’ordre consumériste. La publicité nous offre comme modèle l’homme unidimensionnel analysé par Marcuse. Mieux, elle le constitue, elle le programme, elle « formate » son cerveau (précisément, en le décervelant !).

Ce vaste conditionnement aboutit en effet à un mode unique de pensée (c’est cela, une idéologie), à un schéma mental d’appropriation du monde qui correspond parfaitement à cette « consommation de signes » dont parlait Baudrillard dès 1970. L’Occidental moyen commence par consommer le produit comme un monde (à cinq ans), et finit par consommer le monde comme un produit (à l’âge « adulte »). Devant les choses, devant les êtres, devant les événements, il trépigne en vampire assoiffé. Il a besoin de sa dose, il a besoin de sa drogue. Le matraquage publicitaire exacerbe en lui la pulsion d’achat au point d’en faire une véritable pulsion dévoratrice, en particulier face aux « informations » et aux émissions télévisées (qui sont d’ailleurs pensées comme des « produits », par leurs responsables qui se disputent des « parts de marché »). Ce qui peut le conduire jusqu’à une tragique consommation de soi (cf. ces émissions où s’allient le voyeurisme et l’exhibition, style Loft Story). Car ce narcissisme éhonté a perdu tout ce que pouvait avoir encore de positif la classique contemplation de soi, en ce qu’elle pouvait mener à l’amour de l’autre (« Chaque homme porte la forme entière de l’humaine condition », Montaigne).

Dans cette perspective, la boulimie de produits des consommateurs qui s’endettent n’apparaît que comme un cas très particulier, symptomatique, de la grande bouffe occidentale qui pille et gaspille les ressources du globe, et qui normalise tous les humains et tout ce qui est humain pour mieux en digérer l’absorption.

En vérité, l’idéologie de la consommation dévore tout ce(ux) qu’elle touche. 

 

Note. 1/ Les coupures de films par la publicité à la télévision, qu’on nomme à juste titre « saucissonnage », sont révélatrices à cet égard. On peut douter en effet de leur efficacité commerciale à court terme. Mais au plan idéologique, en revanche, elles jouent pleinement leur rôle, qui est de signifier rituellement au spectateur : « Attention, ne crois pas que tu vas pouvoir t’évader impunément dans la fiction : n’oublie pas que tu es consommateur, et que tu dois le demeurer au moment même où tu pensais t’en abstraire ».

*François Brune, membre de l’association Résistance à l’Agression Publicitaire (53, rue Jean Moulin, 94300-Vincennes, France), a notamment écrit Le Bonheur conforme, essai sur la normalisation publicitaire (Gallimard (1985) et « Les médias pensent comme moi ! », analyse du discours anonyme (L’Harmattan, 1997). Il collabore au Monde Diplomatique.


TRIBUNE

Samedi 23 novembre 2002 : Journée sans achats.

Supposons que la planète soit un gâteau, et que nous le divisions en dix parts égales, pour dix personnes, deux des convives s'accapareraient alors huit parts. Puis, ces deux goinfres expliqueraient alors aux huit autres invités qu'ils ne peuvent manger que grâce aux miettes qu'ils laissent tomber en s'empiffrant. S'ils en veulent de miettes, qu'ils les laissent engloutir une neuvième part !

Ainsi, sur notre planète, un cinquième de la population mondiale, les pays riches, dont la France, consomment les quatre cinquièmes des ressources planétaires. Ces dernières n'étant pas extensibles, toute surconsommation d'un des acteurs se fait au détriment des autres. De plus, le niveau de "développement" des pays riches est insupportable pour la biosphère. Il est irréaliste d'envisager son extension aux autres habitants du globe. Notre niveau de vie de "happy few" occidentaux sous-entend le pillage systématique du reste de la Terre et l'asservissement économique de populations entières. Ainsi, Ronald Reagan estimait que pour maintenir le train de vie ses habitants, les U.S.A. devaient être en mesure de soutenir deux conflits et demi simultanément. Il est urgent de redonner du sens à la civilisation occidentale qui ne semble ne plus avoir pour valeur que la consommation, cela au mépris de tous les autres habitants de la planète.

Pour que chacun puisse trouver une place moins inéquitable, lui assurant un avenir possible sur le globe, pour sauvegarder les équilibres écologiques globaux qui conditionnent la capacité de la biosphère à nous accepter, la priorité des priorités n'est pas au développement des pays riches, fût-il "durable", mais à la réduction drastique de leur consommation et de leur production. Ainsi, rationnellement, il n'existe pas d'autres solution pour les occidentaux que de se diriger vers une "décroissance" économique maîtrisée, une "décroissance soutenable" (voir : decroissance.org).

Dans les années 1970, Nicholas Georgescu-Roegen, économiste américano-roumain, professeur à Harvard et élève de Schumpeter, réintégra le paramètre écologique dans la science économique. Il théorisa ainsi la "bioéconomie". Ses travaux fondés sur la thermodynamique concluaient à l'impérieuse nécessité de la " décroissance " des pays dit " développés " - (La décroissance, Nicholas Georgescu-Roegen - Éditions Sang de la Terre). Nicholas Georgescu-Roegen démontra l'impossibilité pour la science de répondre à l'ensemble de la problématique écologiste. Il établit scientifiquement les limites du recyclage et l'impasse de la "croissance zéro ". Les économistes libéraux et marxistes firent tout pour oublier au plus vite ses travaux qui remettaient en cause 200 ans de science économique. À l'image de notre civilisation, nos économistes néoclassiques demeurent figés dans une véritable foi en la croissance économique. Celle-ci ne peut se maintenir que grâce au sentiment religieux d'une nature aux ressources infinies et à une espérance mystique dans les capacités de la science à venir à bout de tous nos problèmes. Leurs raisonnements se rapprochent de celui du pape Léon XII au XIXe siècle qui déclarait inépuisables les richesses de la Terre.

Il est urgent de reposer les pieds sur Terre.

Nous ne manquons aucunement de moyens technologiques et de techniques économiques pour venir à bout des problèmes sociaux et écologiques. Ce qui nous fait cruellement défaut, c'est la volonté politique, mais plus encore de désir d'affranchir nos esprits de l'emprise idéologique de la société de consommation et de sa légitimation scientiste. En effet, comment aller vers de modes des vie respectueux des limites de la nature, donc sobres, privilégiant l'épanouissement des individus, quand l'idéologie dominante véhiculée par la société prône des modèles de réussite fondés uniquement sur la consommation ? Comment espérer une amélioration de la situation écologique alors que nous cherchons à résoudre la crise naturelle avec les maux qui les ont engendrés : le développement économique, la croissance et la croyance absolue dans le progrès technologique ?

Contrairement à ce qu'affirme Jeremy Rifkin (Le Monde &endash; 24 septembre 2002), ce n'est pas l' "économie de l'hydrogène" qui pourra répondre au déclin de la production de pétrole programmé entre 2010 et 2030. L'hydrogène n'est qu'un mode de transport et non un mode de production d'énergie. En apportant une solution inadaptée à une problématique, nous ne faisons que l'amplifier, même si nous avons l'illusion de la soulager sur l'instant. Ce n'est pas en proposant des réponses scientifiques que nous viendrons à bout de questions éminemment philosophiques, culturelles, politiques et spirituelles.

Le 23 novembre 2002, c'est la Journée internationale sans achats. C'est aujourd'hui la seule campagne qui traite clairement, et de manière accessible, de ces questions fondamentales. Dans tous les pays riches des actions, des débats, des spectacles seront organisés pour réfléchir aux conséquences écologiques, sociales, humaines de la société de consommation et aux impasses auxquelles elle nous mène. Cela sera aussi une occasion pour promouvoir de vraies alternatives comme la "simplicité volontaire". Mais la Journée sans achats est surtout la fête humaniste de tous ceux refusent de voir leur existence réduite à sa seule dimension économique : consommateur.

Vincent Cheynet, fondateur de Casseurs de pub.


Dépêche AFP - 22 novembre 2002

"Journée sans achat": pour ne pas réduire l'homme à l'état de consommateur

par Mié KOHIYAMA

LYON, 21 nov (AFP) - L'association lyonnaise Casseurs de pubs coordonne samedi en France la "journée sans achat", qui se veut avant tout "la fête de tous ceux qui refusent de se voir réduits à l'état de consommateur", explique son président, Vincent Cheynet, ancien directeur artistique de Publicis.

Organisé fin novembre dans une trentaine de pays, le "Buy-nothing day" avait été lancé il y a dix ans par des intellectuels et artistes, héritiers des mouvements écologistes des années 70, réunis au sein de l'association canadienne "adbusters".

"On est parti du constat que 20% de la population mondiale consomme 80% des ressources mondiales. Ce mode de vie sous-entend le pillage planétaire, encouragé par les publicitaires, et l'asservissement des autres", estime Vincent Cheynet.

"Cette journée n'a pas pour objectif une baisse de la consommation --si on y arrive tant mieux --- mais de mettre en avant l'homme dans sa dimension philosophique, politique ou religieuse", ajoute-t-il.

Casseurs de pub, RAP (résistance à l'agression publicitaire), et quelques autres associations organiseront samedi des actions symboliques et des spectacles de rue. Ainsi à Strasbourg, des comédiens de la troupe "Inédit théâtre" joueront une pièce intitulée "Les Etats-Unis d'Europe de la consommation".

"un truc de communication"

Appeler cette journée "Buy-nothing day" ou "Journée sans achat", "c'est un truc de communication" reconnaît M. Cheynet.

"Si on lançait la journée en disant +la consommation ne doit pas être une fin en soi, mais un moyen+, personne ne nous écouterait. En disant un truc radicalement opposé, on est mieux écouté et on fait passer des messages de fond, mais c'est une goutte d'eau par rapport aux moyens dont disposent les publicitaires", dit-il.

Evoquant la semaine de la publicité qui a eu lieu début novembre à Paris sur le thème "les marques, dictature ou démocratie?", il reconnaît que les publicitaires acceptent aujourd'hui "de discuter de l'aménagement du système".

Mais il estime que "ce n'est pas une démarche sincère car il s'agit de l'aménagement d'un système nocif. Le problème est de réduire l'emprise de la publicité, or les publicitaires ne veulent pas en entendre parler".

Ce Lyonnais de 36 ans, qui dit n'avoir ni voiture, ni réfrigérateur, ni télévision, a démissionné il y a trois ans du groupe Publicis pour se consacrer au militantisme.

"J'étais alors militant écologiste mais je n'avais aucune conscience des dégâts de la publicité sur l'environnement", se souvient-il.